- Les Echos -
Piece of news on Kraft commitment to sustainability. Their partner is the Rainforest Alliance.
L'industriel achète 40 % du café certifié par l'ONG américaine Rainforest Alliance, qui contrôle le respect des normes sociales et environnementales par les exploitations.
Comme Wal-Mart qui mobilise ses fournisseurs sur l'environnement, une autre multinationale américaine, Kraft Foods, joue la carte du développement durable, aidée par les experts de Rainforest Alliance. L'industriel est devenu le premier acheteur mondial de café provenant de fermes vérifiées par l'organisation non gouvernementale, qui accorde son label à des exploitations répondant à des normes environnementales et sociales strictes.
De 3.000 tonnes certifiées en 2003, Kraft Foods est passé à 30.000 tonnes l'an dernier. « Cela représente 40 % du café certifié par cette ONG dans le monde », insiste Bruno Luisetti, PDG de Kraft Foods France. Mais moins de 10 % des approvisionnements de Kraft. « Nous pourrons faire davantage si nous sommes capables d'expliquer au consommateur ce que ce label apporte. » Une préoccupation partagée par Rainforest : « Il est difficile de sensibiliser le consommateur à une culture durable. En nous appuyant sur les industriels, sur leurs marques réputées, on peut changer les comportements », précise Rosella Valladares Ruddock, coordinatrice des services consommateurs et audits agricoles de l'ONG pour l'Amérique du Sud.
Rainforest Alliance a été fondé en 1987 à New York. Son label a déjà été attribué à quelque 16.800 fermes de café, représentant plus de 200.000 hectares dans une douzaine de pays. Aquiares, la plus grande exploitation de café du Costa Rica, est certifiée depuis sept ans par des auditeurs expérimentés qui la visitent régulièrement et parfois à l'improviste. Elle exporte 50 conteneurs de 18 tonnes de café par an, en Europe, en Amérique du Nord, au Japon, et Kraft fait partie de ses gros clients.
« Protéger notre environnement, bien traiter notre personnel, c'est satisfaire nos acheteurs », estime Alonso Robelo, à la tête de cette ferme qui compte 675 hectares de café. La ferme verse en effet 7,50 dollars par hectare de café certifié à Rainforest Alliance. En contrepartie, elle peut vendre le sac de café de 15 % à 30 % plus cher. Son chiffre d'affaires a grimpé de 2,5 à 2,8 millions de dollars entre 2008 et 2009, son profit a plus que quadruplé, passant de 64.000 dollars à 280.000 dollars.
Améliorer la traçabilité
Dans les cinq ans qui viennent, 85 % du café du Costa Rica seront certifiés. Difficile pour Kraft d'y échapper, d'autant que ses publicités Jacques Vabre vantent depuis trente ans l'origine et la qualité des grains pour se démarquer ! « La certification donne de la valeur à nos produits, reconnaît Bruno Luisetti. Nos marques phares comme Côte d'Or, Suchard, Jacques Vabre ou Carte Noire sont des produits pour lesquels les matières premières (cacao et café) sont cruciales. D'où l'idée d'assurer une qualité constante de nos approvisionnements auprès de plantations certifiées par une ONG reconnue. »
Le géant de l'agroalimentaire mène une démarche similaire pour le cacao et s'engage à multiplier par dix ses achats de fèves « durables » avant la fin 2012. Grâce aux efforts entrepris en Côte d'Ivoire, pays producteur de 40 % du cacao mondial, il a lancé sur le marché européen ses premières tablettes de chocolat Côte d'Or, Marabou et Suchard, certifiées Rainforest. « Cela n'a pas été facile techniquement, car nous avons dû traiter avec de petites coopératives, des agriculteurs ayant de faibles niveaux de connaissances, et de nombreux intermédiaires nuisant à la traçabilité des approvisionnements », observe Bruno Luisetti.
Le partenariat public-privé mis en place avec les autorités ivoiriennes a permis à 6 coopératives représentant 2.000 paysans d'obtenir le label Rainforest. Une « école aux champs » a aidé les coopératives à produire mieux et à améliorer les rendements, parfois de 50 %. D'où des revenus accrus pour les agriculteurs, et une qualité supérieure pour Kraft. « Sur les 4.000 tonnes de cacao vérifiées par l'ONG en Côte d'Ivoire, nous en achetons désormais plus des trois quarts », note Pascal Tanchoux, directeur de la communication.
Un autre paramètre motive Kraft : l'information « écologique », qui devra figurer sur les conditionnements à partir du 1er janvier 2011 (« Les Echos » des 8 et 9 janvier 2010). « On ressent une vraie cristallisation sur ces thématiques », reconnaît Pascal Tanchoux.